Recommencer à zéro au Panama

Ceci est notre histoire d’expatriation au Panama. Elle n’est pas parfaite et tout ne s’est pas passé comme prévu. C’est juste un témoignage qui pourra aider ceux qui ont un projet d’expatriation ou simplement vous donner l’envie de venir nous visiter afin de connaitre l’histoire plus en détails et vivre l’expérience Casa Swell.

Nous sommes Eva et Jay. Après avoir passé respectivement 10 et 18 ans au Québec lors d’une première expatriation hors de nos pays d’origine qui sont l’Argentine et la France et malgré de bonnes situations professionnelles à Montreal, nous avons décidé de tout quitter, lassé de la vie citadine et de la routine métro, boulot, dodo pour tenter l’aventure en amérique centrale. Nous voulions quitter Montreal et avions en tête deux options en région au québec et nous nous sommes dits que quitte à déménager, autant le faire dans un endroit dont nous rêvions depuis plusieurs années. Cette expatriation était un projet en préparation depuis longtemps en fait car à chaque fois que nous partions en vacances, ce n’était pas tout à fait des vacances, nous allions toujours visiter des pays comme le nicaragua, le costa rica, le mexique, la colombie et l’equateur, qui était sur la liste de pays susceptibles de répondre à nos attentes pour une seconde expatriation. Et ce n’est pas assis sur un transat dans un tout inclus que l’on découvre et connait un pays. Nos vacances étaient plutôt planifié sous forme de road trip avec pour but de découvrir le maximum de lieux différents. Ce n’était pas juste des vacances mais plutôt une aventure à chaque fois avec un maximum de rencontres pour sentir le pouls du pays visité. C’est aussi pour cette raison que nous avions planifié un déménagement vers le Panama sous forme de grand road trip de 6 mois, en partant de montreal en truck camper pour rejoindre le Panama ou nous aurions fait un autre focus trip sur ce pays pendant 6 autre mois, toujours en camper.

Le panama a été un choix réfléchi pour les raisons suivantes :

• pays stable au niveau politique et sociale en raison du canal
• facilité d’obtenir la residence et cout modique comparé aux autres options de pays
• facilité de monter un business sans obligation d’associés nationaux au niveau de la propriété et de la gestion
• capacité monétaire des locaux à générer des revenus en saison morte (et donc en temps de covid)
• précipitation faible en saison des pluies dans la région que nous avons choisi par rapport aux autres régions du Panama et aux autres pays d’Amérique centrale.

Finalement le projet de road trip a été annulé presque dernière minute car nous avons eu la chance de trouver un house/bnb sitting à playa coronado au Panama. Nous sommes arrivé en juin 2019 pour gérer un bed and breakfast de 4 unités plus 5 unités de condos en location dans la meme station balnéaire pendant 6 mois en échange du logement, sans salaire. Le deal original concernait seulement les 4 unités du bnb et nous avons appris à notre arrivée qu’il y aurait en plus de ça 5 condos à gérer; Welcome to Panama. Ce genre de surprises plus ou moins agréables est une pratique assez courante au Panama à laquelle vous devrez vous adapter. Il est très rare que tout se déroule comme prévu, meme si vous avez tout planifié. 

Notre courte experience dans ce bnb nous a permis de réaliser les choses à faire et à ne pas faire et peaufiner notre idée du resort parfait. Nous avions déjà en tête le type de resort que nous voulions créer au niveau de la structure grace à nos précédents voyages dans plusieurs hotels similaires. Nous avons donc pu parvenir à une idée plus abouti grace à cette expérience. Il s’agissait maintenant de trouver le lieu propice à ce projet et la propriété en elle-même.

Pendant ces 6 mois, nous avons pu visiter l’ensemble du panama car nous étions en saison basse et la propriétaire de l’hotel nous permettait de nous échapper lorsque l’hotel était vide. A notre arrivée, nous n’avons pas vraiment aimé playa coronado qui était à notre gout trop développé. Nous rêvions de jungles et de coins isolées, comme un air de carte postale, un peu comme ceux que nous avons visité pendant ces 6 mois. Cependant, à chaque fois que nous revenions d’un road trip, Playa Coronado nous paraissait finalement pas si mal car les infrastructures commerciales et médicales étaient toutes a moins de 10 minutes de voiture ce qui est bien loin d’être le cas dans des regions plus reculées du panama. Plus on connaissait le pays, plus ils nous semblaient déjà bien difficile de partir un projet ici vu comment les choses fonctionnent et ils nous a donc paru plus sage de le faire dans un endroit plus développé. Après la visite d’une quarantaine de propriétés sur Coronado, dont seulement 2 dans notre budget pouvait répondre à notre vision, nous avons signé la vente en novembre 2019 après 3 mois ardue de négociation.

Ici tout est plus long, TOUT, absolument tout. La queue au supermarché, les processus administratifs, le service au restaurant et dans tous les magasins, tout se fait a un rythme non nord américains. Au debut c’est très irritant, après on fait avec puis au final on fait pareil ! Si vous n’avez aucune patience et aucune capacité d’adaptation, une expatriation au Panama n’est peut être pas faite pour vous 🙂

Nous avons également profité de cette période pour faire nos papiers d’immigration une fois certain de nous établir, séduit par le climat et déjà accro au surf, nous avons aussi acheté une voiture afin d’être plus autonome.

Nous sommes rentrés en coup de vent à Montreal en décembre 2019 pour récupérer encore quelques valises avant de retourner emménager dans notre nouvelle maison le 12 décembre 2019. Au retour, nous avons récupérer notre cédula temporaire à Panama City et mis le cap sur playa coronado pour emménager dans notre nouvelle demeure sans climatisation ni fenêtres complètement hermétiques et quelques geckos. Le même jour, à notre arrivée, on nous livrait un matelas que nous avons posé à même le sol pour commencer afin de pouvoir y dormir confortablement. Nous recommencions à zéro pour de vrai. Nous allions vivre (lire camper) dans cette vieille maison plusieurs mois en attendant que notre casita soit prête. En effet, les travaux ont commencé le 19 décembre avec la transformation d’un cabanon (structure de béton) qui deviendra notre casita personnel sur le resort! Un premier entrepreneur avait pour charge d’effectuer cette transformation avec comme promesse de réaliser la piscine, le bohio et la transformation de la maison en 4 chambres d’hotels si ces premiers travaux étaient réalisés comme prévu et selon le budget prévu. Il a échoué et nous avons donc contracté un autre entrepreneur debut février pour commencer la piscine et autres fosses septiques alors que le premier n’avait pas fini la casita dans les temps. Il fallait que les choses avancent et tout avançaient quand même à bon train quand tout a coup la pandémie est arrivé autour du 15 mars et la, STOP. Chantier arrêté, plus d’ouvriers, nous nous retrouvions alors tous les deux devant une énorme masse de travail. Nous avons commencé à nous improviser entrepreneurs avec les matériaux que nous avions à disposition en réalisant 2-3 dalles de bétons à deux avec une température de 40 degrés et un soleil de plomb. J’ai perdu près de 10 kilos pendant cette année de construction que je viens à peine de récupérer 3 mois après l’ouverture. Une fois les matériaux disponibles épuisés, nous avons du continuer cout que cout car pour nous l’horloge tournait et chaque semaine qui passait nous éloignait de notre date d’ouverture. Nous avons donc joué la carte du recyclage de matériaux que nous obligeait cette pandémie car tous les magasins de construction étaient fermés ici contrairement à l’Amérique du nord ou l’Europe. Il fallait avancer et pendant les 2 mois et demi d’arrêt du chantier c’est ce que nous avons fait sans relâche, 7 jours sur 7 de 6 am a 6 pm. Les mesures étaient parmi les plus dures au monde avec le droit de sortir chaque 2 jours seulement 2 heures selon le sexe et le dernier numero de passeport. 2 heures pour faire les courses au panama et 2 heures pour acheter des matériaux, mission impossible ! A cela s’est ensuite ajouté la ley seca (lire loi seche): plus d’alcool en vente pendant un mois et demi, heureusement il y avait des stocks à la maison et du marché noir mais tout cela pour dire que la quarantaine ailleurs dans le monde, c’etait pas si mal. Il faut être prêt a quelques sacrifices dans tous projets d’expatriation, pandémie ou pas !

Mais revenons au recyclage, nous avions du couper 2 grands pins dont les racines allaient inévitablement détruire la piscine à court terme. Lors de la coupe des arbres, j’avais demandé au bucheron de me couper plusieurs tranches et bûches qui sont devenues les comptoirs et les balançoires du bar, les tables basses des lits extérieurs et même le luminaire du billard dans le bohio. Pendant 3 semaines de la pandémie, tous les jours de 6 am a 6 pm, j’ai passé mon temps à enlever toute l’écorce et à poncer, traiter et vernir toutes ces pièces ce qui nous a grandement aidé pour compléter la finition du bohio rapidement puisque toutes ces pièces étaient prêtes à installer. Les lits extérieures autour de la piscine et des chambres ont été réalisés sur mesure à partir des grilles en métal présente sur les fenêtres de la maison. Ces grilles étaient installés systématiquement à une époque ou les cameras de surveillance et alarmes n’existaient pas pour les maisons de plage délaissées en semaine et trop facilement accessible a de mauvaises âmes. Toute la charpente de bois du toit de la maison qui a reçu un nouveau toit avec charpente métallique a été utilisé pour fabriquer, meubles, luminaires et revêtements muraux dans une des chambres. Les feuilles de metal du toit ont été réutilisé pour faire des clotures extérieures. Au final, il en ressort un design en harmonie avec le concept que nos clients adorent. Mais ce genre de processus de recyclage aurait pu mal tourner surtout avec le niveau de qualité que nous voulions donner à l’ensemble.

Du courage il fallait en avoir pour réaliser notre rêve. Je pense que nous nous jetions corps et âmes dans ce projet pour oublier un peu cette pandémie et pour ne pas avoir le temps de penser à ces grandes questions que tout le monde se posaient aussi : qu’est ce qu‘il allait se passer après ? Les gens allaient recommencer à voyager ? Allions nous recevoir des touristes internationaux un jour ? Quand ? Nous avions commencé ce projet il y a à peine 3 mois quand tout s’est arrêté, mais nous avions commencé. Nous n’avions pas d’autres choix que de finir, de ne pas baisser les bras, il fallait terminer le travail et ouvrir. Nous injections quotidiennement de l’argent dans ce projet tout en se demandant si au final, cela allait être viable. Nous ne savions alors pas à cette époque que d’autres obstacles allaient se dresser devant nous pour terminer le projet.

Les périodes de renovation sont déjà délicates pour un couple. Imaginez le contexte ici, isolé tous les deux dans un nouveau pays étranger avec des règles strictes, des mesures douteuses (comme partout), une pénurie de matériaux, l’impossibilité de voir le peu d’amis que nous avions déjà et en se réveillant tous les jours au milieu d’un chantier loin d’être fini. Doutes et incertitudes s’installent mais une ballade à la plage déserte ou une session de surf en toute illégalité (les plages étaient interdites d’accès sous peine d’amende voir plus) remettent vite les choses en perspective, nous nous devions de terminer et aller au bout de notre rêve.

Les ouvriers sont finalement revenus mi juin de manière plus ou moins légal mais la situation de la propriété et son isolement nous a permis d’avancer sans trop de risques. Tout le monde est revenu le coeur à l’ouvrage après avoir passe 2 mois et demi à la maison avec madame et les enfants sans revenus ! Nous, nous étions déjà brulé de notre coté mais nous gardions le cap. La pénurie de matériaux a continué en raison de la pandémie, les prix de ces derniers ont augmenté et le budget a tout de suite pris un coup sans parler du taux de change US vs CAN. Il faut également ajouter à cela que nous avions aussi plusieurs corps de métiers issus de nos amis au québec (menuisiers, électriciens, ébenistes, climatiseurs) qui étaient super enthousiastes à notre départ du Canada pour venir nous aider à construire ce projet plusieurs semaines voir plusieurs mois mais bien sur, en raison de la pandémie, personne n’a pu venir et c’est aussi cela qui a fait exploser notre budget. Une autre interrogation apparaissait en plus de peut être ouvrir un hotel vide pour des mois, allions nous rester dans le budget et pouvoir finir le projet ?

La réponse était bien évidemment négative et nous avons du laisser partir tout le monde en octobre 2020 étant donné la piètre qualité des travaux de finition effectué par nos ouvriers qui eux aussi commençaient également à être exténués par ce projet. Nous avons préféré nous charger des finitions nous-mêmes au lieu de devoir refaire systématiquement tout ce qu’ils faisaient.

Alors que tous les commerces commençaient a réouvrir au Panama, et que nos amis propriétaires de bnb recommençaient à recevoir des clients et des réservations, nous étions toujours en finition, toujours pas prêts à ouvrir. Les citadins qui étaient restés des mois enfermés dans leurs condos à panama city étaient plus que prêt à s’échapper vers les plages. Nous devions finir et vite, pour que la tendance financière s’inverse. Nous nous sommes donc lancé dans une course contre la montre avec toujours des problèmes d’approvisionnement pour des éléments essentiels que sont la finition. Par exemple, j’ai perdu une semaine à trouver des systèmes de roulements pour les portes suspendues des salles de bains, en rupture de stock partout à cause de la pénurie.

Nous avons finalement terminé le projet prêt a ouvrir le 12 décembre 2020, exactement un an jour pour jour après avoir eu les clefs de la propriété, nous qui pensions ouvrir en juillet 2020, à peine 6 mois de retard ! Un timing classique au Panama, mais là avec la pandémie, on a battu des records. Certains nous disent que c’est en fait une bonne chose que nous ayons pu faire le projet pendant la pandémie et oui c’est vrai que cela nous a aidé sur certains aspects. Nous avons pu prendre du recul par rapport au projet, revoir certains aspects et améliorer le tout mais cela n’a pas aidé au niveau finance certain.

Le jour ou nous avons mis l’hotel en ligne, facebook, instagram (80% des reservations se font par ce biais au panama, instagram est très présent dans toutes les sphères d’activités, ce qui est vraiment une particularité de ce pays), airbnb et booking, le gouvernement annonçait un nouveau lockdown qui empêchait tous les nationaux de passer d’une province à une autre.

Nous recevions de supers commentaires positifs et encouragements en ligne. Tout le monde adorait les photos de l’hotel, le design et le style mais personne ne pouvait venir. Nous avons donc complètement perdu notre buzz d’ouverture qui est une étape importante lors du lancement d’une business. Certains pensaient que nous pourrions récupérer ce buzz lors de la réouverture mais non pas vraiment, il a disparu avec les restrictions.

La période de noel s’annonçait donc morte, complètement vide, un gros coup au moral, cette fois dur à digérer. Nos premières clientes sont arrivées peu avant noel, 2 françaises prêtes a découvrir le panama dans un projet d’expatriation, écoeurées de cette pandémie… heureusement les autres ont suivi, un restaurateur de Lyon pendant 2 semaines et finalement le gouvernement a permis aux nationaux de quitter la ville peu a peu si muni d’une reservation d’hôtel. Les quarantaines totales des fins de semaine du vendredi soir au lundi matin nous ont permis de vendre des packages de 3 nuits, de nous faire connaitre et peu a peu le bouche a oreille et instagram ont fait leur effet. Les clients ne voulaient plus partir et partaient enchantés. Les reviews positives commençaient à s’accumuler. Certains se réveillaient de leur premiere nuit et nous réservaient déjà un autre séjour. Ca y est, nous en étions maintenant presque sur, notre produit plaisait, notre service faisait son effet et nous avions donc d’un coup confiance en l’avenir.

Cependant, nous savons que le plus dur est loin d’être passé. Il ne suffit pas de créer un lieu magique pour avoir du succès même si cela y contribue fortement. Le service à la clientèle est un élément primordiale sur lequel nous mettons l’emphase et cela se reflète sur les commentaires obtenus sur les différentes plateformes ou l’hotel est disponible. C’est d’ailleurs notre plus grande récompense que de voir partir des gens heureux qui ont passé un séjour mémorable. Nous avons déjà formé plusieurs amitiés avec des clients et c’est toujours un bonheur que de voir des clients revenir profiter de l’expérience Casa Swell. Ce sera peut-être votre tour prochainement, nous vous attendons et sommes disponibles pour toutes questions pour organiser votre voyage au Panama !